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INTERVIEW DE L’ECRIVAIN JEAN-FRANÇOIS DEMAY POUR SON NOUVEAU LIVRE « Avec Vue sur la mère ».

CM : « Avec Vue sur la Mère »  n’est pas votre premier livre ?

JFD : Non, j’avais déjà écrit une chronique boulonnaise en 2009 qui avait pour titre « Le Cœur de Salade ».

CM : Rappelez nous quel était le contenu de ce premier livre ?

JFD : L’histoire se déroule dans un quartier très populaire de Boulogne sur mer. Elle débute en 1930 et à cette époque cette ville est avant tout une ville de pêcheur. Boulogne est depuis longtemps le premier port de pêche de France. Cette activité a toujours été attachée à son histoire. Le livre raconte l’enfance, l’adolescence d’une fille de marin. Il raconte aussi les prémices et l’arrivée de la Deuxième Guerre mondiale. On y découvre comment des milliers de familles se sont retrouvées dans l’obligation de quitter la ville pour devenir des réfugiés dans d’autres régions de France moins meurtries par la guerre.

CM : Est-ce que ce premier livre avait eu le succès attendu ?

JFD : Oui, le succès obtenu avait largement dépassé mes espérances. Nous avons dû rééditer le livre trois fois. La vente en librairie  a bien fonctionné et nous avons mis en place un partenariat intéressant avec une association boulonnaise «  La Maison de la Beurière » qui défend le patrimoine maritime de notre ville avec un petit musée qui permet de découvrir l’habitat et la vie des familles de marins pêcheurs du début du vingtième siècle.

CM : Ce deuxième livre est donc une suite du premier ?

JFD : A la lecture du « Cœur de Salade » j’ai eu beaucoup de retours de lecteurs me demandant si le livre allait avoir une suite. Pour beaucoup l’histoire de cet enfant devenu à la fin du livre une jeune femme de 18 ans, méritait une suite. La suite devenait toute naturelle et je pouvais passer de la jeune femme à la mère de famille.

CM : C’est donc une histoire de mère, c’est ce qui justifie le titre ?

JFD : C’est effectivement avant tout une histoire de mère. Chaque chapitre est d’ailleurs rythmé par une maternité différente. Huit maternités, donc huit chapitres. Ces maternités s’étalent sur une période de plus de vingt ans et elles permettent de survoler une grande partie de ce que l’on allait appeler les trente glorieuses.

CM : Il s’agit d’une vraie famille nombreuse ?

JFD : Oui, une famille nombreuse comme on en trouvait beaucoup dans les milieux populaires après la guerre. Une famille nombreuse que l’on allait parquer dans des cités provisoires faites de baraquements fragiles et inconfortables.

CM : Visiblement ce livre n’est pas seulement une histoire de mère ?

JFD : Non, c’est aussi une histoire de mer ou plutôt des histoires de mer. Le père de l’héroïne est un ancien marin pêcheur et avec ses deux amis ils vont nous raconter des histoires de marins parfois tristes, parfois pleines d’humour. Ils remplissent le livre d’anecdotes et nous font découvrir des destins incroyables.

CM : Cette dichotomie mère et mer est donc un élément important dans le livre ?

JFD : Oui, c’est même l’élément principal. Mais on ne peut pas parler de dichotomie. La mère du livre est viscéralement liée à la mer. Tout ce qui fait sa vie a un lien avec la mer : son métier, celui de son père, de son mari, ses voisins marins… Bref, la mer n’est jamais très loin.

CM : La période balayée est longue, elle s’étend de 1949 à 1970. C’est une période riche de pas mal de progrès ?

JFD : Oui, c’est aussi un  thème central. L’évolution de notre société qu’elle soit au niveau médical, au niveau du confort de vie ou même politique. Tout a évolué très vite sur cette période. Trop vite parfois.

CM : Vos deux livres sont des « Chroniques boulonnaises » pourquoi ?

JFD : Tout simplement parce qu’ils parlent avant tout de notre ville. C’est ou plutôt c’était une ville de pêcheurs. Elle reste le premier port de pêche de France, son histoire est bien sûr liée à la mer. On parle donc beaucoup des marins pêcheurs, mais on sort souvent du cadre local. On parle aussi de Bombard, de Giscard d’Estaing, de de Gaulle. On y parle même de Napoléon qui avait un lien fort avec notre ville.

CM : Toute l’histoire se déroule donc à Boulogne ?

JFD : Non, il y a des situations qui nous portent ailleurs. On part pêcher en Norvège, on parle de la guerre d’Algérie, on vend du poisson à Paris, on y vit des catastrophes en Hollande ou en Angleterre. Bref, c’est une chronique boulonnaise qui nous fait voyager.

CM : Il y a quelque chose de familial dans ce livre ?

JFD : Oui, c’est l’histoire de ma mère. Ce livre était l’occasion unique pour moi de rendre hommage à toutes ces mères courages. Toutes ces mères de familles nombreuses qui ont élevé leur famille dans la dignité. Toutes ces mères dont le dur métier de « mère de famille » n’a jamais été considéré.

CM : Si vous deviez résumer ce livre en cinq mots clés ?

JFD : Famille, solidarité ; bien sûr mère et mer. Mais le plus important reste le mot bonheur…